Christophe crée des dahlias et des iris

Les premières amours jamais ne s’ef­facent. Christophe Kneblewski en sait quelque chose ! Celui qui, enfant, bouturait des chrysanthèmes de récupération dans le jardin potager de son grand-père s’y émerveillait déjà parmi les dahlias. Né dans l’Aisne au milieu des années soixante, il envisageait une formation professionnelle en paysagisme quand, à 17 ans, son contrat d’apprentissage tombe à l’eau. C’est alors un boulanger-pâtissier qui fait bifurquer le jeune homme. Il exercera ce métier pendant vingt ans, jusqu’aux difficultés économiques de l’entreprise.

Du CAPA au concours supérieur à Paris

Christophe Kneblewski a alors 39 ans : « Une lumière a jailli en moi, puis tout s’est imbriqué naturellement », raconte-t-il. Il trouve, seul, une formation d’un an pour passer le CAPA jardinier paysagiste au CFPPA Bougainville à Brie-Comte-Robert, en Seine-et-Marne, avec une prise en charge complète par le Département.

Après son stage au Parc floral de Paris, il en sort diplômé­ en 2004 et fait ses armes en intérim dans des entreprises d’espaces verts, puis chez Vincennes Vert en tant que chef de cabine (respon­sable d’équipe). Inscrit en même temps au concours­ d’agent technique deuxième classe de la Ville de Paris, il le réussit en 2007 et arrive au parc de Bagatelle en tant qu’adjoint technique.

Dans la foulée, il passe le concours supérieur de la mairie, en candidat externe, avec succès. Il est alors obligé de partir pour le parc Georges-Brassens, dans le 15^e arrondissement, mais avec une affectation au square Berthelot, un complexe avec piscine et tennis qui ne lui laisse guère le loisir de s’adonner à sa passion pour les collections botaniques. Il faut dire que le site du bois de Vincennes l’a plus que séduit.

Hybridations de dahlias : « Pourquoi pas moi ? »

En 2009, arrive enfin l’occasion tant attendue ! Le Parc floral de Paris recrute. L’ancien stagiaire y a laissé sa marque de passionné. Pascale Crombez, la responsable de la graineterie, qui l’a déjà aidé à passer les concours, le prévient. Et c’est ainsi que Jean-Yves Moreau, le responsable du parc, lui confie la remise en place et le suivi de la collec­tion de dahlias.

Son souhait de travailler dans un beau parc est non seulement exaucé mais Christophe Kneblewski va se prendre au jeu de l’hybridation.

En retraçant l’histoire de la plante depuis l’introduction des premières graines de dahlias bota­niques en 1788 jusqu’à nos jours, il tombe en amour pour le père de tous – Dahlia coccinea – et se met en quête de nouveaux spécimens afin de compléter la collection. Il s’intéresse alors à toutes­ les obtentions et se dit : « Pourquoi pas moi ? ». Ses expérimentations par semis commencent en 2011.

Parallèlement, il constitue un réseau international et crée le groupe « Dahlia France » sur Facebook, tout en voyageant sur son temps personnel pour découvrir, notamment au Mexique en 2015, les espèces sauvages.

La même année, il présente sa première création au concours international, avec succès !

Des échanges vont naître et enrichir la collection botanique en France, alors même qu’il reprend peu à peu l’organisation du concours aux côtés de Jean-Pierre Léglise. Pour la première fois cette année, un obtenteur japonais y parti­cipe. Parallèlement, il acquiert de nouvelles compétences avec la responsable du laboratoire, Annie Delpuech. Confronté à des problèmes de viroses, il prélève les méristèmes des variétés les plus fra­giles pour les conserver et les mul­tiplier in vitro.

Pivoines et iris, en plus des dahlias

L’aventure ne s’arrête pas là : le travail se réor­ganise au Parc floral et son champ d’activité s’agrandit. Avec une équipe de cinq personnes, il se voit confier les collections de pivoines et d’iris. Ces derniers sont les plus anciens dans le parc et demandent un gros travail de vérifica­tions et d’enregistrement.

Cependant, depuis 2018, Christophe Kneblewski s’est déjà lancé un nouveau défi. Ses obtentions d’iris devraient fleurir en 2020 et être prêtes pour une présentation au concours de 2024  !

Isabelle Cordier